Le Fort Saint Jean ou le confinement du duc de Montpensier
De grands événements se sont déroulés dans ce fort, aujourd’hui restauré grâce aux financements obtenus par la ville lors de sa nomination en tant que capitale de la culture 2013.
Transformé en prison d’État pendant la révolution, le fort à reçu derrières ses grilles d’illustres prisonniers dont le duc d’Orléans Philippe-Egalité, emprisonné en avril 1793, avec ses fils Antoine-Philippe d’Orléans et Louis-Charles d’Orléans (respectivement duc de Montpensier et duc de Beaujolais), et sa soeur, Bathilde d’Orléans, duchesse de Bourbon et princesse de Condé.
Antoine-Philippe y rédige ses « Mémoires du duc de Montpensier » (1837), relatant la détention des trois hommes à Marseille…et plus particulièrement leur confinement.Témoignage d’un lieu où régnait obscurité, puanteur et horreur. Voici un extrait de ces écrits :
« Nous entrâmes donc au fort Saint Jean. Après avoir traversé une petite cour sombre, nous tombâmes dans l’obscurité la plus parfaite en passant sous une longue voûte qui menait à la partie du fort où se trouvait le logement destiné à ma tante. […]
A peine ma tante fut-elle entrée dans son logement qu’on cria : « Maintenant, citoyens, il faut conduire les deux jeunes d’Orléans à la tour ! »
Aussitôt fait que dit. Nous voilà au pied de l’infernale tour dans laquelle nous restâmes onze mois consécutifs.
On ouvrit une grille et nous montâmes un petit escalier tournant, étroit, noir et infect ; il n’y pouvait tenir qu’une personne dans la largeur, et les municipaux et gardes nationaux s’y précipitèrent avec un tel empressement, que nous étions au moment d’étouffer. […]
On me fit redescendre quelques marches, puis après avoir ouvert deux énormes portes à triples verrous, on me fit entrer dans mon cachot. L’obscurité, la puanteur et l’horreur de ce séjour me forcèrent à m’écrier : « Quoi c’est ici ?! » […]
« Je restai donc seul entre quatre murs noirs comme la cheminée la plus enfumée et surmontés d’une sombre voûte, ne recevant dans cette espèce de tombeau que la clarté qui pouvait pénétrer à travers deux soupiraux, dont la plus grande ouverture était de deux pieds carrés sur trois d’épaisseur et qui étaient obstrués par trois rangs de barreaux et une grille.
Il était sept heures du soir et l’obscurité de ma nouvelle demeure paraissait complète. Cependant, comme il faisait encore jour au-dehors, les terribles barreaux se détachaient sur le clair d’une manière vraiment cruelle. […]
L’obscurité extrême qui régnait perpétuellement en ce lieu le peu d air qui pouvait y circuler étant infecté par des latrines dont on n’était séparé que par une petite porte très mince tout enfin contribuait à accabler l’esprit et le corps de la manière la plus cruelle. […] »
Chaleurs de Provence, brûlage de sucre et air pur …
« Nous étions alors au milieu de l’été, et les chaleurs de Provence étaient difficiles à supporter, dans un cachot où l’air ne pouvait jamais se renouveler. Nous passions la journée en chemise, malgré la grande humidité de notre triste demeure.
Ce fut en vain que nous essayâmes d’y brûler des sarments pour la rendre plus saine ; la fumée nous suffoquait tellement qu’il fallut y renoncer.
Pour remédier à l’infection des latrines, Gamache (le domestique d’Antoine, ndlr) brûlait du sucre et je me faisais apporter des fleurs, que je conservais dans l’eau, et que j’avais continuellement sous le nez.
Souvent accablés par la chaleur et le besoin de respirer un peu d’air pur, nous nous élancions chacun de notre côté à notre soupirail. Le visage collé aux barreaux, nous humions de toutes nos forces la très petite quantité d’air qui pouvait nous parvenir. »
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