Historique : les raisons de l’acquisition

A la mort de sa mère, Cézanne hérite de la demeure fami­liale du Jas de Bouffan et la vend, amé­lio­rant consi­dé­ra­ble­ment son niveau de vie et lui per­met­tant de gagner l’espace néces­saire à son tra­vail titanesque.
Longtemps désar­gen­té et incom­pris, son œuvre n’est recon­nue que tar­di­ve­ment par l’entremise du mar­chand d’art Ambroise Vollard qui orga­nise une rétros­pec­tive regrou­pant 150 de ses œuvres.

Paul Cézanne, maître de l’art moderne

Peintre baroque puis impres­sion­niste, ce pro­ven­çal taci­turne et soli­taire est un avant-gardiste, il est consi­dé­ré aujourd’hui comme le pré­cur­seur du cubisme. “C’est notre père à tous” disait de lui Picasso, il “leur” aurait tout appris. Picasso et Braque entre autres, s’inspirent de son style construc­ti­viste et syn­thé­tique. Picasso en tire un ensei­gne­ment qui le pousse à l’aboutissement du célé­bris­sime: “Les Demoiselles d’Avignon”, gran­de­ment ins­pi­ré des “Grandes Baigneuses”.

Sa vie, son oeuvre

Il y a peint 44 huiles et 43 aqua­relles. Parmi elles: “le jar­di­nier Vallier”, le “Mont Sainte-Victoire vu des Lauves” et deux ver­sions des “Grandes bai­gneuses”, expo­sées dans tous les plus grands musées du monde, dont ceux de New-York et Chicago.
Une anec­dote de la visite: pour dépla­cer les œuvres monu­men­tales (2,1 x 2,51) il a été contraint de faire per­cer une ouver­ture béante dans le mur de la mai­son, fenêtre ver­ti­cal don­nant sur le jar­din nord, atti­sant la curio­si­té des visiteurs.

L’exploitation de l’atelier des Lauves

Aux Lauves, Paul alterne tra­vail à l’atelier et pein­ture sur le motif durant les 4 der­nières années de sa vie. Le pre­mier étage était dédié à son tra­vail, et les pièces du rez-de-chaussée de lieu de sto­ckage où Cézanne entre­pose ses toiles inache­vées, les objets de ses nature-mortes et son maté­riel. Il entre­tient une rou­tine dis­ci­pli­naire, ren­trant déjeu­ner tous les midis et dor­mant tous les soirs dans son appar­te­ment du centre-ville d’Aix, rue Boulegon.

Particularités et curiosités de l’atelier

La pièce-atelier du pre­mier regroupe les objets que le peintre a immor­ta­li­sés et peints en série dans ses toiles. Notamment: l’amour en plâtre, la table des nature-mortes, son che­va­let, l’échelle ayant ser­vi à peindre “Les grandes bai­gneuses”, sa tenue ves­ti­men­taire pro­ven­çale, le com­po­tier, le pot à gin­gembre. Tous sont deve­nus célèbres car repré­sen­tés en moyenne une dizaine de fois.
Dans cet ate­lier, tout est rigou­reu­se­ment étu­dié: les murs sont peints en gris pour empê­cher la réflexion de la lumière directe, les volets en bois côté sud pro­tègent les toiles du soleil brû­lant de l’été méri­dio­nal. Côté nord: de grandes fenêtres vitrées originales.

Cézanne est déjà âgé de 62 ans et vient de connaître la gloire 6 ans plus tôt. Il y trouve la tran­quilli­té, la quié­tude, l’altitude de la col­line lui per­met­tant d’observer à son gré son sujet de pré­di­lec­tion: la mys­tique Sainte-Victoire.
Il relate ses états d’âme, sa méthode de tra­vail et son che­mi­ne­ment dans ses innom­brables cor­res­pon­dances à Emile Zola, Emile Bernard et à sa femme.
Personnage com­plexe: appli­qué, auto-critique, insa­tis­fait, per­fec­tion­niste: il apose chaque demi-heure une nou­velle touche de cou­leur sur la toile et rares sont ceux qui ont la patience de sup­por­ter son carac­tères et poser pour lui.

La fin de Paul

En 1906, il est ins­tal­lé dans la cam­pagne aixoise pour peindre. Surpris par un orage, il fait un malaise. Par chance, il est décou­vert par des blan­chis­seuses qui le rac­com­pagne chez lui. Le doc­teur lui recom­mande de gar­der le lit mais Paul Cézanne est aus­si obs­ti­né que pas­sion­né et se rend aux Lauves pour ter­mi­ner le por­trait de son jar­di­nier Vallier. Il s’é­teint peu de temps après, empor­té par une pleurésie. 

Devenir de l’atelier des Lauves

L’atelier est délais­sé jusqu’en 1921, Marcel Provence le rachète. Fervent admi­ra­teur de l’ancien pro­prié­taire, il n’occupe que la par­tie du bas et conserve l’atelier tel quel.
Plus tard, la bâtisse est offerte à l’université d’Aix-en-Provence par les acqué­reurs amé­ri­cains. L’université le cède à la muni­ci­pa­li­té de la ville qui l’administre encore aujourd’hui.
En 1998, Philippe Cézanne, arrière petit-fils du peintre, crée la socié­té “Paul Cézanne” qui regroupe plu­sieurs per­son­na­li­tés. Son but est d’é­di­ter les ouvrages sur le peintre et d’œuvrer pour la pré­ser­va­tion des sites cézanniens.
L’atelier est label­li­sé “Maisons des Illustres” depuis 2012

Pour décou­vrir quelques-uns des tableaux de l’artiste, il faut visi­ter en com­plé­ment le musée Granet d’Aix-en-Provence.

Autrice : Elodie Marie, avec la contri­bu­tion de Manon Ripoll, sta­giaire Reisetrip de avril à octobre 2022.