Le cours Belsunce

12 Avr, 2020

Jadis centre d’art et siège des maga­sins d’antiquaires, les bro­can­teurs ont peu à peu lais­sé place aux mar­chands chi­nois louant des rues entières pour s’adonner au com­merce de gros. C’est aujourd’hui un quar­tier popu­laire et mul­ti­cul­tu­rel qui fleure bon le thé à la menthe et d’où se dégage des odeurs de chi­cha, pipe à eau tra­di­tion­nelle. C’est là que se retrouvent diverses com­mu­nau­tés, plus par­ti­cu­liè­re­ment musul­manes, c’est un lieu de réunions d’hommes d’âge mûr ou plus jeunes, atta­blés aux ter­rasses des cafés siro­tant à lon­gueur de jour­née leur kawa noir, et dis­cu­tant bruyam­ment en fai­sant de grands gestes, comme il le feraient chez eux de l’autre côté de la méditerranée.
Un air d’orient, un tableau qui reflète l’exil.
Le long du cours Belsunce cir­cule le tram­way : d’un côté une ran­gée de cafés, des pâtis­se­ries orien­tales, des bou­tiques de prêt-à-porter bon mar­ché, des petits boui-bouis et échoppes à kebab sont ali­gnés, il y a l’embarras du choix !
De l’autre côté des rails trône des bâti­ments plus modernes tel que le Centre Bourse qui abrite le musée d’histoire, les ruines archéo­lo­giques et un centre commercial.
Au bout du cours, presque au croi­se­ment avec la rue d’Aix se trouve la biblio­thèque Alcazar, qui fut un temps une grande salle de gala et de spec­tacle de renom„ haut lieu de la pan­to­mime au 19ème siècle, d’inspiration art nouveau.
Le quar­tier de Belsunce est immor­ta­li­sé par le rap­peur Bouga dans le tube Belsunce Breakdown, réfé­rence una­nime, extrait de la BO du film Comme un aimant qui relate la vie d’une bande de jeunes du quar­tier du Panier.
Mais Belsunce qui pour­tant paraît exo­tique et moderne, est en réa­li­té le patro­nyme d’un illustre ecclé­sias­tique du 18ème siècle, Monseigneur de Belsunce, évêque de Marseille de 1709 à 1755. La ville a vou­lu lui rendre hom­mage pour avoir effec­tué un acte de bra­voure sans pareille pen­dant une période sombre de l’histoire, qui fait écho à une pan­dé­mie que l’on a tra­ver­sé en 2020.
François-Xavier de Belsunce de Castelmoron d’origine basque, a beau­coup œuvré pour ses ouailles dans la Cité Phocéenne.
Une sta­tue à son effi­gie de taille monu­men­tale, trône au pied de la cathé­drale Notre Dame de la Major. Il a les bras ouverts, paumes tour­nées vers le ciel en signe de miséricorde.
Une galé­jade mar­seillaise en donne une toute autre inter­pré­ta­tion, ce geste serait cen­sé signi­fier : « Désolé, je n’ai plus d’argent ! » Raison pour laquelle les Marseillais uti­lisent l’expression : « Se faire payer chez Belsunce ! » Ce qui se tra­duit par : « Ne jamais tou­cher l’argent dû ! »

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